Au poste de santé de Douka Celeyabhé (Labé), des accouchements à la lueur de lampes à piles ou de torche
À Douka Celeyabhé, un village isolé à environ sept kilomètres de piste caillouteuse depuis Popodara, le poste de santé inauguré en 2022 peine à remplir sa mission de service médical de proximité. Sans eau, sans électricité, sans matériel. Ici, les accouchements se déroulent parfois à la lumière vacillante d’une lampe à piles ou d’une simple torche. Ce reportage rend compte des défis humains, structurels et sanitaires auxquels font face les habitants — et l’appel urgent au renforcement des services publics de santé rurale.
Le contexte du poste de santé
Origine et construction : Le bâtiment a été construit en 2022 grâce à la mobilisation des villageois, qui ont bâti les murs eux-mêmes, puis remis la structure à l’État dans l’espoir d’améliorer l’accès aux soins.
Personnel : L’équipe est très réduite : un infirmier d’État (chef de poste), une sage-femme, et deux stagiaires.
Zone de couverture : Le poste dessert population répartie sur cinq secteurs (villages ou zones environnantes).
Les conditions critiques
Électricité & éclairage : Il n’existe aucun raccordement électrique. La nuit, lors d’un accouchement ou d’une urgence, le personnel utilise des lampes à piles ou des torches.
Eau & infrastructure : Le poste n’a pas d’approvisionnement en eau. Le bâtiment présente déjà des fissures, signe d’un manque d’entretien ou d’un entretien insuffisant.
Matériel médical : Pas de table d’accouchement, et même les actes les plus basiques, comme une auscultation, sont difficiles sans le matériel adéquat.
Les conséquences pour la population
Risques accrus pour les femmes en travail : Dans l’obscurité ou avec un éclairage de fortune, le risque d’infection, de complications (hémorragies, etc.), ou d’erreur augmente considérablement.
Transferts dangereux : Pour toute urgence nécessitant des soins plus avancés, le patient est référé au centre de santé de Popodara. Mais la route étant impraticable, les transferts nocturnes deviennent périlleux, voire mortels dans des cas critiques.
Charge sur la communauté : Le poste de santé est un produit de la solidarité locale, mais sans soutien étatique régulier, le moral et la confiance peuvent s’éroder. Les habitants gardent l’espoir que leur sacrifice ne sera pas vain.
Témoignages
> « Nous faisons avec les moyens du bord », confie Charles Loua, infirmier chef de poste.
« La nuit, pour un accouchement ou une urgence, on allume des lampes à piles ou des torches », raconte Kadiatou, sage-femme.
Appel aux autorités et recommandations
Fournir éclairage permanent : installer un raccordement électrique ou, au moins, des panneaux solaires + lampes fixes pour assurer que le poste soit utilisable jour et nuit.
Assurer l’approvisionnement en eau : eau potable pour les soins, hygiène, nettoyage, etc.
Mettre à disposition matériel médical de base : table d’accouchement, instruments stériles, fournitures essentielles pour les soins d’obstétrique, etc.
Renforcer l’équipe soignante : plus de personnel formé, ou des rotations pour soulager les stagiaires et permettre des gardes nocturnes efficaces.
Entretien régulier de l’infrastructure : réparer les fissures, entretenir les bâtiments pour éviter que le poste ne se dégrade encore.
Conclusion
Le poste de santé de Douka Celeyabhé incarne à la fois la solidarité locale et l’abandon systémique : construit par les habitants, mais laissé sans moyens. Les femmes qui accouchent sous la lueur d’une torche ou d’une lampe à piles illustrent une situation intolérable, contraire à l’idée que la santé est un droit fondamental. Le défi est désormais clair : il faut un engagement concret des autorités pour transformer ce lieu de mobilisation communautaire en un véritable poste de santé fonctionnel, capable d’offrir dignité, sécurité et soins adéquats.
Information recueillies par Guinéematin.com
Repo Abou Anelka Diakite 624 83 80 97

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