Cosa : quand les rails se transforment en marché de fortune.

À Conakry, l’occupation anarchique de l’espace public reste un défi de taille pour les autorités locales. Malgré les multiples campagnes de sensibilisation, certaines zones échappent encore au contrôle administratif. C’est le cas à Cosa, où les abords des rails sont devenus un lieu d’intenses activités commerciales.

Ce mardi, une équipe de Konomaguinee.com s’est rendue sur place pour constater la situation. Le spectacle est saisissant : des étals de fortune, des vendeuses assises à quelques centimètres des rails, au milieu de l’agitation quotidienne. L’endroit, pourtant à haut risque, est transformé en un véritable marché parallèle.

« C’est une place que nous ne payons pas. D’ailleurs, nous sommes assises là, on écoule bien et personne ne vient nous empêcher : ni l’administrateur, ni les gendarmes », confie Sita Camara, une jeune élève qui vend des valises. Pour elle, la tranquillité règne et l’emplacement reste une opportunité idéale.

Mais toutes ne partagent pas ce sentiment. Une autre commerçante, qui a requis l’anonymat, raconte une tout autre réalité :
« Ici, c’est un lieu connu, nos activités marchent bien. Mais moi, ce sont les gendarmes qui sont après moi. À chaque fois, ils me chassent d’ici en disant que c’est risqué. Ils ont bien raison, c’est aussi pour mon bien. Mais malheureusement, nous n’avons pas d’autre endroit où aller. Je ne connais même pas l’administratrice du marché. »

Interrogée, l’administratrice du marché n’a pas démenti les faits. Elle a toutefois précisé que la zone longeant les rails relève administrativement de la commune de Gbessia, et n’est donc pas de sa juridiction directe.

De l’autre côté des rails, vers Bantounka, la scène est similaire. Fatoumata Camara, une commerçante d’une trentaine d’années qui vend du beurre de karité et du miel, minimise les risques :
« Ici, je ne paie pas ma place, mais je paie le ticket, c’est ce que l’administrateur demande. Parfois, on nous chasse de la chaussée, mais jamais des rails. Et d’ailleurs, je ne suis pas sur les rails. On nous dit juste de nous éloigner quand le train passe, et c’est tout. »

Lors de notre passage, le bureau de l’administrateur du marché était fermé. Plusieurs commerçants affirment qu’il ne vient que rarement et ne reste que quelques minutes sur les lieux.

Cette situation illustre les difficultés persistantes dans la gestion des espaces publics à Conakry : entre la précarité des commerçants, le laxisme administratif et les risques sécuritaires ignorés. Pendant ce temps, les rails, censés être une voie de transport, se transforment chaque jour en un marché de fortune, où l’activité économique se déroule sous la menace permanente du danger.

 

Abou Anelka Diakité pour Konomaguinee.com.

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