- A la veille du grand départ pour le Hajj, l’un des cinq piliers de l’Islam, la Guinée est secouée par une affaire d’escroquerie d’une ampleur sans précédent. Plus de 400 fidèles, animés par une foi inébranlable et l’espoir de fouler les lieux saints de l’Islam, ont vu leur rêve s’effondrer après avoir été victimes d’un réseau dirigé par une certaine Hadja Domani Doré, surnommée « Nani », aujourd’hui en détention.
Face à ce drame spirituel, la voix de l’Imam Mansour Fadiga, doyen des imams de Conakry et premier imam de la grande mosquée Bilal de Nongo, s’élève pour consoler les victimes et interpeller les autorités.
« Dans le Saint Coran, l’Islam nous dit que quelqu’un qui quitte sa maison pour le pèlerinage et qui est bloqué, doit retourner attendre l’année prochaine. Même le Prophète Mohamed (PSL), à l’an 6 de l’Hégire, avait été bloqué par les Mecquois. Ceux qui meurent avec l’intention d’accomplir le Hajj seront considérés comme des pèlerins », explique l’imam dans une intervention empreinte de sagesse et de compassion accordée à Guineematin.com ce lundi, 2 juin 2025.
Pour de nombreux fidèles concernés, le traumatisme est immense. La majorité d’entre eux avait réuni des économies pendant plusieurs années, certains ayant même vendu des biens pour s’inscrire dans l’agence frauduleuse. Mais au lieu de recevoir leurs billets et leurs visas, ils ont été abandonnés, bernés par de fausses promesses et des documents falsifiés.
Selon Imam Fadiga, les auteurs de cette escroquerie ont exploité un levier de confiance puissant : leur prétendue proximité avec la mère du président de la République. Ce détail, selon lui, a achevé de convaincre les victimes de la crédibilité de l’offre.
« Ils se sont basés sur la maman du président, c’est pourquoi tous ces gens ont accouru chez eux. Même des agences de voyage reconnues se sont fait avoir. Ces escrocs doivent être punis sévèrement, pour que plus jamais cela ne se reproduise. L’Islam condamne fermement de tels actes », affirme l’imam avec fermeté.
Dans son message, il appelle les victimes à la patience et à la foi, mais surtout l’État à prendre ses responsabilités.
« Je demande au gouvernement de redoubler d’efforts, d’augmenter le quota de pèlerins accordé à la Guinée. Dix mille pèlerins pour toute une nation, ce n’est pas suffisant. Ceux qui ont été arnaqués doivent être prioritaires l’année prochaine », plaide-t-il.
À l’heure actuelle, Hadja Domani Doré et plusieurs de ses complices ont été arrêtés, mais de nombreuses zones d’ombre subsistent : complicité dans certaines administrations, blanchiment d’argent, falsification de documents officiels. Une enquête est en cours, sous la pression croissante de la population et des leaders religieux.
L’affaire met en lumière la vulnérabilité de nombreux citoyens face à un marché du pèlerinage mal encadré, souvent livré à des opérateurs informels sans agrément. C’est un signal d’alarme pour les autorités religieuses et administratives, appelées à réorganiser et sécuriser le dispositif du Hajj en Guinée.
« Que chacun fasse attention désormais. L’Islam n’autorise pas l’arnaque. L’État doit surveiller, contrôler, et punir. Et vous, mes frères qui n’êtes pas partis, sachez que Dieu connaît vos intentions », conclut l’imam Fadiga.
Ce drame spirituel, bien que douloureux, devient aussi un moment de prise de conscience collective. Entre justice attendue et foi inébranlable, la Guinée se prépare déjà à un Hajj 2026 plus encadré, plus sûr, et surtout, plus juste.
Source Guinéematin.com