Guinée: Trois ans de détention sans procès pour le colonel Bienvenu Lamah : un silence qui interrog
Par la rédaction de
Konomaguinée.com
Conakry, 26 juillet 2025 —
À la maison centrale de Coronthie, le nom du colonel Bienvenu Lamah suscite toujours des réactions mitigées, entre indignation, attente de justice et silence pesant des autorités. Voilà trois ans que ce haut gradé de l’armée guinéenne est incarcéré, sans avoir été jugé. Accusé d’implication directe dans les atrocités du 28 septembre 2009, son dossier est encore dans les tiroirs de la justice guinéenne.
Une affaire qui traîne
Interpellé puis inculpé pour complicité d’assassinat, enlèvement, meurtre, viol, coups et blessures volontaires, le colonel Bienvenu Lamah est l’un des hauts responsables militaires soupçonnés dans le carnage du stade du 28 septembre, où plus de 150 personnes avaient trouvé la mort et des centaines de femmes violées lors d’un rassemblement pacifique de l’opposition à Conakry.
Mais depuis son arrestation en juillet 2022, aucune date de procès n’a été fixée. Le dossier semble figé, au grand dam des victimes, des défenseurs des droits humains et de nombreux observateurs nationaux et internationaux.
Les familles réclament justice
« C’est une double peine : nous avons perdu nos proches, et quinze ans après les faits, certains auteurs présumés sont toujours en prison sans jugement. Ce n’est pas cela la justice, » déplore Mariama Diallo, porte-parole d’un collectif de victimes. Pour elle, le procès du colonel Lamah, comme ceux de tous les accusés, doit se tenir « dans les plus brefs délais », non seulement pour soulager les familles, mais aussi pour renforcer l’état de droit en Guinée.
Le silence de la justice
Du côté des autorités judiciaires, les explications se font rares. Officiellement, des « questions techniques et logistiques » seraient à l’origine des retards, alors que d’autres sources évoquent des pressions politiques et des calculs sécuritaires. En dépit des appels de plusieurs ONG et de l’ONU, l’instruction du dossier semble s’être embourbée dans les méandres de l’administration judiciaire guinéenne.
Une image brouillée à l’international