Cela fait désormais un an jour pour jour que Oumar Sylla, plus connu sous le nom de Foniké Menguè, et Billo Bah, deux figures phares du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), ont mystérieusement disparu. Depuis, aucune information officielle, aucune trace, aucune avancée. Ce mercredi, dans une interview exclusive accordée à notre rédaction, Elhadj Mamadou Sylla, frère de Foniké Menguè, a exprimé sa profonde détresse et son incompréhension face à cette disparition inexpliquée.
« La famille, chaque fois, on pense que tous les jours, on nous dira qu’il est de retour parmi nous. Mais de plus en plus, un an quand même, c’est beaucoup. La Guinée n’est pas vaste comme ça. Une personne ou deux personnes ne peuvent disparaître comme ça, sans qu’on le sache », a-t-il déclaré, visiblement bouleversé.
Pour Elhadj Sylla, l’attitude du gouvernement guinéen est non seulement déconcertante, mais aussi profondément inquiétante. Il reproche aux autorités de faire preuve d’un mutisme coupable, alors que deux citoyens sont portés disparus dans des circonstances troubles.
« Il n’y a pas de numéro, personne n’a d’information, rien n’a infiltré pour que les gens puissent se débrouiller. C’est très, très grave », a-t-il lancé, pointant un manque total de volonté politique pour élucider cette affaire.
Cette disparition intervient dans un contexte de restrictions des libertés en Guinée, selon plusieurs organisations de défense des droits humains. Pour de nombreux observateurs, elle s’inscrit dans une série de pressions croissantes contre les voix dissidentes au régime de transition.
Elhadj Mamadou Sylla, ancien chef de file de l’opposition, y voit une attaque directe contre la liberté d’expression et d’engagement citoyen :
« Aujourd’hui en Guinée, tout opposant sait qu’il peut disparaître sans laisser de trace. C’est une réalité qui fait peur. »
Alors que les manifestations sont interdites, que les enquêtes restent lettre morte et que le gouvernement se mure dans le silence, les familles des disparus vivent dans l’angoisse et l’abandon. À Conakry comme ailleurs, de nombreuses voix réclament justice, vérité, et surtout des preuves de vie ou des explications claires.
Ce triste anniversaire est donc un rappel douloureux de la fragilité de l’État de droit en Guinée, où des militants politiques peuvent disparaître sans que la machine judiciaire ou sécuritaire ne semble s’en émouvoir.
Malgré tout, la famille Sylla continue de croire en un miracle. Elle espère qu’un élément nouveau surgira, qu’un témoignage courageux émerge, ou que les autorités changent de posture pour enfin rompre le silence.
Moussa Gberedou Condé pour Konomaguinee.com :+22