RDC : l’ancien président Joseph Kabila condamné à mort par contumac
La République démocratique du Congo (RDC) vient de vivre un tournant politique et judiciaire sans précédent. Ce mardi 30 septembre 2025, la Haute Cour militaire de Kinshasa a condamné l’ancien président Joseph Kabila à la peine de mort, reconnu coupable de « trahison », de « crimes de guerre » et de « participation à un mouvement insurrectionnel ».
Jugé par contumace, l’ancien chef de l’État, qui vit en exil, n’a pas comparu ni été représenté par un avocat. Le procès, entamé le 25 juillet dernier, a été mené à vive allure, une célérité que ses partisans et plusieurs observateurs qualifient de « politique » et « bâclée ».
Des accusations lourdes et inédites
Le ministère public, conduit par le lieutenant-général Jean-René Likulia Bakulia, a présenté Joseph Kabila comme le véritable chef du mouvement armé M23, responsable de violences et exactions dans l’Est du pays. Selon le parquet militaire, l’ancien président aurait également contribué à la création de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), branche politique du M23, et serait pénalement responsable des crimes commis dans le Nord et le Sud-Kivu : meurtres, viols, déportations et tortures.
Ces accusations font peser sur l’ancien chef de l’État une responsabilité directe dans les atrocités subies par les populations civiles dans les zones de conflit.
Un contexte politique tendu
Cette condamnation survient dans un climat de rivalité croissante entre Joseph Kabila et l’actuel président Félix Tshisekedi. Après avoir quitté le pouvoir en 2019, l’ancien président avait conservé un statut de sénateur à vie, avec une immunité parlementaire. Mais sa réapparition remarquée à Goma, en mai dernier, alors que la ville est sous contrôle du M23, a accéléré la levée de son immunité et ouvert la voie à ce procès.
Dans une allocution diffusée en ligne peu avant son passage à Goma, Kabila avait appelé à « mettre fin à la dictature » et promis de « jouer sa partition », un message perçu comme une provocation par le régime actuel.
Une exécution peu probable
Si la condamnation à mort marque l’histoire, son exécution reste incertaine. La localisation de Joseph Kabila demeure inconnue, et aucune arrestation ne semble imminente. Officiellement, la RDC a levé en 2024 le moratoire sur la peine capitale, mais aucune exécution n’a encore été appliquée depuis cette décision.
Réactions et contestations
Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation de l’ancien président, a dénoncé « un procès politique » destiné à masquer « les échecs diplomatiques et militaires » du régime Tshisekedi. Pour l’opposition congolaise, cette condamnation traduit une volonté d’écarter Joseph Kabila du jeu politique et d’affaiblir son influence dans un contexte de crise sécuritaire persistante.
Une fracture au sommet de l’État
Ce verdict ouvre une nouvelle page dans l’histoire mouvementée de la RDC. Au-delà du symbole, il révèle une fracture profonde entre les camps Kabila et Tshisekedi, avec le risque d’une escalade politique dans un pays déjà fragilisé par les conflits armés à l’Est.
Cette condamnation historique interroge : s’agit-il d’une véritable avancée judiciaire ou d’un règlement de comptes politique ? Quoi qu’il en soit, elle pourrait redéfinir durablement l’équilibre des forces au sommet de l’État congolais.
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Information recueillies par Siaminfos.com
