Siguiri etouffe par la soif: le projet d’adduction d’eau est toujours bloqués huit ans après,plus de 3 millions de dollars disparus.

À Siguiri, ville aurifère au cœur de la Haute Guinée, l’or coule dans les mines, mais l’eau peine à jaillir des robinets. Malgré un projet ambitieux lancé en 2017 pour soulager la population d’une crise hydrique persistante, la situation reste critique. Huit ans après la pose de la première pierre, les habitants attendent toujours la goutte qui changera leur quotidien.

Le 15 janvier 2017, l’espoir avait pourtant jailli dans toute la ville. Sous le régime du président Alpha Condé, le projet d’adduction d’eau de Siguiri est officiellement lancé. L’entreprise marocaine Cawa Solektra est chargée de réaliser les travaux, avec l’assurance d’un financement sécurisé. Objectif : fournir à cette ville en pleine croissance un système moderne d’accès à l’eau potable.

Mais rapidement, le rêve s’effrite. Selon des sources proches du dossier, une bonne partie des fonds promis ne serait jamais arrivée dans les caisses de l’entreprise. Le chantier est d’abord ralenti, puis pratiquement à l’arrêt. Résultat : seulement 54 % des travaux ont été réalisés.

Pourtant, à Timbo Tiguibiri, les installations partiellement construites laissent entrevoir l’ampleur du projet : prise d’eau, bassins, décanteurs, filtres, station de traitement… Tout est là. Ou presque. Il ne manque que les derniers efforts — et surtout, les fonds.

Sur le terrain, la souffrance est palpable. À Bafindah, Kabinet Camara  lance un cri de cœur :« Aucune autorité ne s’intéresse à ce projet, pendant que nous souffrons énormément. ».Même ton chez Mamby Magassouba, un jeune leader de la ville :«Nous sommes vraiment inquiets. Nous voulons que le Général Mamady Doumbouya s’implique pour faire de ce rêve une réalité. »dit-il. 

En attendant une réponse, les robinets restent désespérément secs. Aujourd’hui, seule une petite station située à Siguiri Koura permet à la SEG (Société des Eaux de Guinée) de produire 400 m³ par jour. Un volume insignifiant au regard des besoins de dizaines de milliers d’habitants.

En saison des pluies, certaines familles ne reçoivent de l’eau que deux fois par semaine. En saison sèche, c’est l’arrêt total. Cette précarité a également un impact économique : plusieurs petites usines de transformation ont récemment fermé leurs portes, aggravant la pauvreté.

Selon la société en charge du projet, il ne manquerait « que » 3 millions de dollars pour relancer les travaux et finaliser le chantier. Un montant dérisoire comparé aux souffrances humaines. Mais sans volonté politique ferme, ni mobilisation citoyenne, cette somme reste hors de portée.

La ville de Siguiri, pourtant si riche en or, s’enfonce dans une misère hydrique silencieuse. L’eau, bien plus précieuse que le métal jaune, manque cruellement. Et avec elle, c’est la dignité des habitants qui s’évapore jour après jour.

Une question reste en suspens : jusqu’à quand Siguiri va-t-elle endurer cette soif ?

Moussa Gberedou Condé pour Konomaguinee.com

 

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