Siguiri : le président de la Fondation Ahmed Sékou Touré et l’Agence Africaine des Arts s’engagent pour la valorisation de 128 sites touristiques

Siguiri, connue pour son exploitation aurifère intense, cache en son sein un trésor souvent méconnu : 128 sites touristiques répertoriés et jusqu’ici laissés à l’abandon. C’est ce potentiel que veulent réveiller la Fondation Ahmed Sékou Touré et l’Agence Africaine des Arts, à travers une vaste initiative de valorisation du patrimoine culturel et historique local.

À la tête de ces deux structures, Ahmed Koumoun Camara ambitionne de redonner vie à l’identité historique et culturelle de la région du Mandén, en particulier dans la préfecture de Siguiri. Pour lui, cette mission s’inscrit dans une dynamique de continuité des actions de l’ancien président guinéen Ahmed Sékou Touré, grand défenseur de la culture africaine:« Nous voulons relancer les différentes activités culturelles qui faisaient autrefois la fierté du Mandén, notamment à Siguiri. Cela passe par des partenariats solides, la mobilisation des ressources humaines locales et internationales, et une volonté politique affirmée », a-t-il expliqué.

Si Siguiri est souvent associée à l’or, cette richesse est à double tranchant. Selon Ahmed Koumoun Camara, l’exploitation minière, bien que rentable à court terme, détruit progressivement les bases culturelles et environnementales de la région:« Tous les villages de Siguiri possèdent au moins un site touristique. Malheureusement, ces trésors disparaissent sous les effets de la modernité, de la pollution et des activités minières incontrôlées. Il est temps de faire renaître ces lieux et transmettre ce patrimoine aux générations futures », a-t-il plaidé.

Pour appuyer sa vision, Camara cite l’exemple du Mali voisin, où des sites comme les grottes de Kamandjan à Siby ou les vestiges de Soumaoro Kanté à Kolikoro attirent chaque année des milliers de visiteurs, notamment des élèves et chercheurs venus découvrir leur histoire:« En Guinée, nous avons aussi des lieux de miracles et de mémoire, comme la jonction entre le fleuve Djoliba et Milo, ou la tombe du célèbre Ballakè à Tiguibry. Ces lieux peuvent raconter notre passé glorieux et devenir des pôles touristiques majeurs », soutient-il.

Ahmed Koumoun Camara s’alarme aussi de la disparition progressive des danses traditionnelles mandingues, autrefois très vivantes dans la région. Il appelle à une renaissance culturelle, à travers la promotion des artistes locaux et la mise en valeur de leur savoir-faire:« Nos artistes sont talentueux, mais manquent de soutien. Il faut leur donner les moyens de briller. Le tourisme culturel est porteur de développement durable, contrairement à l’or qui finira par s’épuiser. Regardez Dubaï : ils ont bâti une économie sur le divertissement et la vision. Nous pouvons faire pareil à notre échelle », a-t-il insisté.

Un patrimoine en péril

À l’heure actuelle, les 128 sites touristiques recensés à Siguiri restent en grande partie inaccessibles, ignorés ou menacés. Sans actions concrètes de protection et de mise en valeur, ces lieux risquent de disparaître à jamais, emportant avec eux une part importante de l’histoire guinéenne.

En conclusion, la démarche de la Fondation Ahmed Sékou Touré et de l’Agence Africaine des Arts apparaît comme une urgence culturelle. Il ne s’agit pas seulement de préserver des pierres, mais de transmettre une mémoire collective, de redonner un souffle nouveau à l’identité mandingue, et de construire un modèle de développement fondé sur le tourisme et la culture.

 

Moussa GberedouCondé pour Konomaguinee.com:+224622478601

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